La Grande Année

Exposition du 8 octobre au 28 novembre 2020

Depuis la révolution numérique, de nouveaux langages de programmation se mettent en place. L’intelligence artificielle se met au service de la traduction automatique et universelle et nous aiderait à nous rapprocher d’une époque où nous parlions tous la même langue, avant Babel. Au même titre que ceux qui ont voulu construire cette tour, nous avons voulu aller très haut, très loin, trop loin, dictés par notre propre nature. Il existe cette nouvelle quête de la vie éternelle. Il y’a un rapport au monde, un positionnement de l’être humain dans son habitacle qui est entrain de bouger. Est-ce que ce mouvement va vers un changement ou juste vers un retour aux sources ? Dans la Grèce antique, les stoïciens défendaient une vision du monde avec un temps cyclique : après plusieurs milliers d’années « la Grande Année », une même suite d’événements se répète, identique à la précédente, avec des éléments recomposés. Et si nous revenions à ce temps-là?

A travers les autoportraits de Fabien de Chavanes, il ne parle pas de lui mais de l’Homme avec un grand H. L’homme représenté ici n’est plus de chair et de sang, il est une représentation, un symbole qui s’apparente à de la sémiologie. Sauf qu’ici Fabien de Chavanes crée son propre langage, un langage universel qui sert d’écho à notre condition mortelle, notre condition physique. Dans chacune de ses œuvres, la dualité de l’être se meut dans l’espace, un espace infini où le temps n’est plus linéaire, semblable à celui des stoïciens. La forme globale tend vers une figure géométrique conçue par des règles très strictes : une limite qui forme un cadre à cet électron libre.

Cette dualité ne concerne pas que l’être mais aussi le statut d’œuvre d’art avec lequel l’artiste doit composer. Fabien de Chavanes tente de sortir de la dimension plane de la photographie sans jamais oublier qu’à l’origine de cette œuvre, c’est avant tout une performance et une installation.

Ségolène Brossette