Cédric Quissola
Nous sommes plus de 7 milliards d’humains sur la planète. Quels sont nos points communs ?
Notre composition chimique est identique ; qu’en est-il de la perception du monde, de la mémoire, des sensations ? Au delà des conventions sociales, comment définir la notion d’identité ?
Peindre les traits d’un visage c’est prendre le risque de perdre l’universalité d’un portrait ; surtout si le sujet n’est pas l’individu mais un prétexte à un message tout autre.
Beaucoup d’oeuvres abstraites sont, de mon point de vue, des portraits ou des autoportraits. L’auteur s’est simplement débarrassé de l’enveloppe. Mais sans aller si loin, le propos que je défends est symbolique.
Je cherche à dénicher le potentiel d’interrogation poétique enfoui sous nos convictions, bousculer nos automatismes de lecture et de représentation picturale, et donc de pensée.
Notre société vit de profondes transformations. Ces mutations rapides ne connaissent pas de pauses, d’arrêts sur image qui nous permettraient de les analyser.
Nous sommes pris dans le processus et s’extirper, même un instant, est difficile. La contemplation, le temps dédié à la poésie et au questionnement sont écartés de nos occupations quotidiennes. Il ne s’agit pas de représenter un portrait ou un paysage particulier ; ses caractéristiques propres ne m’intéressent pas, ce sont des prétextes formels, une couche superficielle au questionnement.
Je porte un grand intérêt à l’erreur.
Qu’il s’agisse d’une perturbation de l’image ou d’une incohérence dans la narration, l’erreur pousse au questionnement, à la réflexion.
Une voiture qui roule sur une route quelconque ne suscite pas de question ; si, lors de ce trajet du point A au point B, elle disparaît, ne serait-ce qu’un dixième de seconde, cela ouvre des milliers d’interprétations possibles.
Nous sommes entourés d’incohérences poétiques dissimulées, perdues dans un flux d’informations dénuées de sens. Je pars à leur recherche.
Ségolène Brossette Galerie, 2015